La semaine dernière alors que je donnais un cours en ville à une cliente dont le chien présente des comportements de retrait face aux scooters, un homme entame la discussion avec nous et nous parle de la fameuse idée faussement répandue de ne surtout pas le réconforter sous peine d’augmenter sa peur en regardant ma pochette remplie de dés de poulet…
Abordons ce point et tordons le coup à cette idée reçue bien (trop) largement répandue.
Tout d’abord commençons par aborder les deux termes qui ont toute leurs importances dans ce billet.
La peur est une émotion, une émotion est un mouvement affectif soudain et intense, entrainant un débordement temporaire du contrôle réflexif sous l’effet d’une stimulation du milieu. (Définition officielle du Larousse).
En d’autres mots une émotion est spontanée et non contrôlée.
Le comportement est un ensemble de réactions observables chez un individu dans son milieu de vie ou dans des circonstances données. (Comportements observables tel que la fuite à la vue d’un autre chien, aboyer et tirer sur la laisse à la vue d’un humain, s’immobiliser…)
Imaginez-vous (ou pas) avoir peur en avion lors du décollage, la personne assise à côté de vous, vous propose gentiment un bonbon au caramel, est-ce que le fait de manger ce bonbon va faire que vous aurez encore plus peur de l’avion ? Probablement pas. Vous n’aurez peut-être pas moins peur, néanmoins vous n’aurez de façon certaine pas plus peur !
Comment quelque chose d’agréable (la récompense) pourrait-elle augmenter quelque chose de désagréable : la peur ?
La friandise ou la caresse peuvent bien changer la perception que le chien a du stimulus qui lui fait peur en d’autres mots, changer son état émotionnel appelé aussi réponse émotionnelle et donc à fortiori son comportement (n’oubliez pas : ce qui est observable) mais ne le fera que de façon Positive, A CONDITION que l’animal soit en «état» d’apprendre (puisse prendre la distance nécessaire au sens propre comme au figuré face à l’objet de sa peur*), ce que nous appelons dans le jargon professionnel du Contre-Conditionnement, l’une des seule méthodes valides employées associée à la désensibilisation pouvant aider un chien face à quelque chose qui lui fait peur. Pour simplifier, cette méthode vise à faire suivre quelque chose de «mal » par quelque chose de «bien » afin que le « cerveau » du chien créé des nouvelles associations. Il est pour cela nécessaire d’avoir une bonne lecture du chien et respecter des paramètres de travail précis avec un professionnel. Quoi qu’il en soit même si vous ne maitrisez pas les bases de travail nécessaires*, vous ne ferez pas de « mal » à votre chien, ne dégraderai pas plus son comportement en le rassurant ou en lui donnant des récompenses car cette question était bien le point central de ce billet, deux options seront possibles : aucune amélioration visible ou une amélioration visible.
En Bref : Caresser, donner des friandises à votre chien lorsqu’il a peur n’augmente pas sa peur car nous pouvons renforcer un comportement (observable) mais absolument pas une émotion, car la peur est belle et bien une émotion.